Sortie 10 - Bassin Permien et musée de Lodève, une géologie à ciel ouvert : compte-rendu de la sortie  |  6, 7 et 8 septembre 2023

Nous sommes maintenant de retour dans nos belles Pyrénées mais nous avons encore dans le nez les fragrances si puissantes de la garrigue et le rouge omniprésent du Permien plein les yeux.
Entre des notes erratiques et des photos plus ou moins parlantes, il est difficile de traduire l'extraordinaire densité de nos trois jours d'exploration géologique du bassin de Lodève. Piquer le carnet de notes d'Annie aurait bien été la solution mais elle le tenait bien serré, rien à faire.
Notre première découverte fut celle de notre cicérone, Michel Lopez, talentueux professeur émérite qui a su soulever et entretenir l'enthousiasme de ses élèves du moment. Nous lui en sommes infiniment reconnaissants.
Depuis Rabieux, il a planté le décor : nous remonterions (dans le temps) tout en descendant (vers le Sud)... certains ont peut-être été un peu déboussolés.
Du haut de ces montagnes, des centaines de millions d'années nous contemplaient (Merci Napo) : du Cambrien, du Permien ... et ces drôles de petits cônes par ci par là, des volcans ! Nos yeux brillaient, nous avions hâte d'y être.
Cette première journée s'est poursuivie par la découverte de la belle ville de Lodève, en particulier de la cathédrale Saint-Fulcran, de l'hôtel de ville et surtout du musée d'un intérêt majeur sur le plan géologique. Toutes les techniques muséographiques contemporaines sont réunies pour nous faire voyager de salle en salle, dans une atmosphère quasi onirique, à travers les grands moments de l'histoire de notre planète. L'exceptionnelle collection de roches et de fossiles du bassin vient illustrer cette grande fresque en contrepoint. Une troisième dimension nous a été apportée par Philippe Marza, autre brillant géologue, par les précisions et les commentaires qu'il a pu nous apporter au fil de notre visite. Grand merci à lui.
Le deuxième jour, nous sillonnons le terrain, Loiras, les rives du Merdanson, le Mas d'Alary, la Lieude, Castellas de Malavieille... au gré des affleurements découverts par le temps, l'activité humaine et enfin par le repérage minutieux de Michel. Nous sommes toujours au bon endroit, au bon moment et dossier préparatoire en main bourré de photos, de cartes, de coupes, il nous explique. Avec lui , le paysage se reconstruit, la roche vit et nous voyons ce qui n'était avant que masse imprécise et nous comprenons la logique de l'émergence de ces roches, à travers les magnifiques croquis qui naissent sous ses doigts et ses questionnements répétés, pourquoi ? Comment ? Est-ce que vous avez une idée ? Quel pédagogue !
Ce sont également de grands moments d'émotion. Nous cheminons là où barbotaient nos très lointains ancêtres aux pattes griffues il y a deux cents soixante dix millions d'années. Nous retrouvons leurs empreintes dans la roche et la trace du milieu où ils évoluaient à travers les rides de clapot.
Difficile de ne pas succomber à la tentation de la collecte. Nous fouillons à qui mieux mieux parmi les débris, chacun avec l'espoir de tomber sur le Graal ! Nous restons cependant respectueux de ces sites si fragiles et malheureusement trop souvent pillés par des prospecteurs peu scrupuleux.
Et quelle belle collection de mots nouveaux nous rapportons : varves lacustres, polygones de dessiccation, graben, horst, palagonitisation et tant d'autres sans oublier le mystérieux volcanisme Surtseyen qui va me permettre de briller au club de bridge.
Si le Permien constituait notre fil conducteur, nous ne pouvions cependant pas faire abstraction de ces petits jeunes de la fin du Tertiaire et du Quaternaire qui ont malmené leurs grands aînés : les volcans !
Difficile d'ignorer les scarifications laissées par le neck et le dyke de la Roque sur les rives du lac de Salagou ou encore la dent basaltique de la Lieude qui sert d'assise au château du Castelas. Strombolien ? Magmatophréatique? Surtseyen ? Ces trublions de l'écorce terrestre ont maintenant une identité mieux définie.
La nuit tombait lorsque nous avons pu saisir dans un dernier éclat du soleil rougeoyant la magnifique discordance angulaire du Trias moyen sur le Permien supérieur du col de la Merquière.
Quelle belle journée !!!
Au troisième jour, nous poursuivons notre route vers le sud, vers la Méditerranée.
Quelle surprise, après avoir tourné comme des âmes en peine à travers les ruelles tortueuses de Saint Thibéry, de voir surgir des orgues basaltiques au centre du village !
Nous faisons ensuite étape aux Monts Ramus où nous paufinons les principes du système phréatomagmatique puis, suivant toujours nos petits volcans, nous butons sur la grande bleue, au Cap d’Agde dans un paysage fait de mégarides, de dunes et antidunes. Tout s'arrête-t-il là, avec cette fin de déferlante basale faite de fines couches de cendres et lapilli ? Non, de derniers dykes qui émergent sur la côte nous font deviner que d'autres volcans sont là, tout proches, à quelques mètres sous nos pieds. Peut-être une invitation à revenir bientôt en combi, poursuivre l'aventure sous les eaux...
Marielle et Michel

 

Le permien rouge au couchant vu depuis la dent basaltique portant les ruines du chteau de Merifons
Le Permien rouge au couchant, vu depuis la dent basaltique portant les ruines du château de Mérifons
Croquis du bassin Permien naissant sous les doigts de MichelCroquis du bassin Permien naissant sous les doigts de Michel 
le groupe devant lancienne carrire de dolomies du Cambrien
le groupe devant l'ancienne carrière de dolomies du Cambrien
Loirat traces du passage de nos lointains anctres aux pattes griffues
à Loirat, traces du passage de nos lointains ancêtres aux pattes griffues
Le dyke de basalte de Laroque magnifi par le Matre et les lves
Le dyke de basalte de Laroque magnifié par le Maître et les élèves
Croquis du volcanisme explosif de Mrifons
Croquis du volcanisme explosif de Mérifons
La Mditerrane au fond le volcan du Cap dAdge bel anneau de tuf hydrovolcanique 750 000 ans
La Méditerranée. Au fond, le volcan du Cap d'Adge, bel anneau de tuf hydrovolcanique (-750 000 ans)