Le Référentiel Géologique des Pyrénées  | 3 et 4 juin 2019 au Palais Beaumont à PAU juin 2019

Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) organisait les 3 et 4 juin derniers un colloque sur deux jours du Référentiel Géologique de la France (RGF) appliqué aux Pyrénées, en préalable à sa mise en œuvre sur d'autres régions de France et a rassemblé 160 participants dont 7 géologues de GéolVal.

Ce compte-rendu n'a pas vocation à décrire le référentiel 3D voir 4D, pas plus que de commenter les présentations scientifiques de très haut niveau auquel il a donné lieu.

Sous la tutelle des administrations publiques de référence, suite à l'achèvement de l'édition des cartes géologiques au 1/50 000, le projet a été lancé et réalisé en 5 ans, d'une compilation à jour des données géologiques accumulées au cours des temps. Le BRGM a ainsi mobilisé et coordonné aux cours des 5 dernières années une cohorte de ses géologues et de très nombreux universitaires (13 thèses et 37 masters) en vue de l'harmonisation des connaissances et données relatives aux Pyrénées.
Le premier résultat est l'homogénéisation des 58 cartes aux 1/50000 comportant une échelle litho-stratigraphique commune avec des nomenclatures cohérentes sur tout la chaine, qui a permis, avec l'aide de nombreux retours sur le terrain, de résoudre des différences de contours et d'attribution aux limites entre cartes du versant français de la chaine. Un des produits bientôt disponible de ce travail est une nouvelle carte au 1/250 000 qui a été présentée pendant la session posters, expression d'une synthèse particulièrement nécessaire. On ne peut cependant que déplorer que seul le versant français de la chaîne ait été synthétisé.
Un deuxième objectif était de permettre l'accès ouvert au public, pour une zone géographique ou un point donné à toutes les connaissances et rapports existants (environnement, sous-sol, séismologie, géochronologie, hydrologie, richesses minérales, risques naturels, etc). Comment et quand l'accès aux données sera possible reste une question sur laquelle le BRGM ne s'est pas prononcé. On aurait apprécié une démonstration, ne serait-ce que sous forme de pilote.

Quelques résultats notables des compilations, nouvelles mesures et travaux de terrain, peuvent être cités :
-Progrès sur les datations absolues par exemple sur le paroxysme des intrusions plutoniques hercyniennes autour de 300 MA.
-Ouverture des bassins nord-pyrénéens au Crétacé: Pas de cylindricisme et de continuité par rapport à la chaîne pour l'exhumation du manteau, résultant en pointements de lherzolite «discrets» issus de l'ouverture de bassins discontinus. Le processus de mise en place reste encore à préciser probablement par différents modes selon les lieux.
-Nouvelles données par datation absolue et techniques de géothermométrie sur le métamorphisme lié à l'ouverture des bassins au Crétacé: Reconnaissance du rôle majeur des fluides liés aux dépôts triasiques dans le processus.
-Paléothermométrie et thermochronologie appliquée : Apport significatif à la compréhension de la formation du talc en Ariège (Luzenac-Trimouse). Fluides à forte salinité, albitites du même âge que le talc, « carbonation » de roches.
-Nouveautés sur les minéralisations hercyniennes. A Salau, gisement bien connu de tungstène présence d’or dans les failles. Si l’or en placer est connu l’or primaire reste inconnu. Recherche d’or primaire dans des veines de quartz aurifère associées à des cisaillements avec anomalies thermiques. Présence de Germanium, métal stratégique, associé aux gisements classiques de plomb-zinc.
-Démonstration brillante de la déformation de la lithosphère ayant généré les Pyrénées ; l'altitude relative ainsi acquise est liée à l'épaississement crustal ; Les zones d’érosion perchées en altitude ne s’expliquent surtout pas par un épaissement crustal, et ne reflètent pas la surrection de la chaine. L'érosion plio-quaternaire n'aurait provoqué qu'un abaissement d'altitude moyen de 360 mètres.

Ce qui nous paraît faire défaut dans ce bilan :
-Une fois de plus, le caractère synthétique de ces travaux peut être contesté du fait de la quasi absence de référence au travaux et l'absence de cartographie géologique du versant espagnol des Pyrénées (70% de la chaîne),
-Peu de références d'importance à la tectonique compressive (ex :Gavarnie «la nappe helvétique » des Pyrénées)
-Pas d'inventaire sur le risque hydrologique (inondations, sécheresse) en relation avec géologie et géomorphologie.

Quelles perspectives : La mise à disposition du référentiel pour tout public est naturellement très attendue; il faudra que ce soit de façon simple et accessible au plus grand nombre, permettant une exploitation aussi bien pour la gestion de l'environnement que pour le génie civil, les mines et carrières, l'hydrologie, la préparation des excursions géologiques de Géolval etc …
Au cours des dernières années un effort considérable d'investigation et de mise en cohérence géologique et géophysique a été accompli. Beaucoup reste à faire, il ne faudrait pas que la fin de cette phase fondatrice que constitue le RGF Pyrénées entraîne une suspension des recherches sur notre montagne.

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